spectacles en tournée


Œuvre posthume de Sarah Kane, le bouleversant 4.48 Psychose témoigne d'une force poétique et dramatique radicale. Sur un lit d'hôpital, une table de dissection, repose un corps féminin dénudé. Cette figure anticipée de cadavre à venir, désespérément immobile, crie, chuchote, ravive, le besoin infini d’amour et le désir d’être vraiment au monde.


Brut de béton production
Texte : Sarah Kane
Mise en scène, scénographie et lumières : Bruno Boussagol
Dramaturgie : Cornélia Koller
Avec Nouche Jouglet-Marcus et Barnabé Perrotey
L’arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté
Traduction : Évelyne Pieiller
Durée 1h20












presse

4.48 psychose de Brut de béton


note d’intention

Dans la réussite de la scénographie de Bruno Boussagol, le/les spectateurs rentrent en scène en acteurs/médecins en blouse et sont d’emblée matériellement et visuellement mis en présence en tant que chœur, au côté d’un coryphée, autour de l’interprète, de son corps allongé tel un gisant.

L’éclairage nous focalise sur ce corps, la peau, qui bat au rythme du verbe tour à tour pulsionnel puis creusant son signifiant en retour.

Dans l’éclatement des multiples identités que, sur scène, la voix gouverne, on ne sait plus si c’est la présence de l’auteure, oscillante, qui s’invite à la nôtre, ou la nôtre…devenue qui de même.

Dans cette empathie extrême la représentation se vit non pas, pour le spectateur comme « vers un aboutissement » mais comme une véritable traversée. Un temps de la représentation où vient émerger la « terra incognita » de nos intériorités.

Les prétendus noirceur et désespoir injustement attribués à 4.48 Psychose, ne résistent pas à sa représentation. Comme le rappelait Claude Regy dans une de ses interviews sur Sarah Kane : « si on peut envisager que des contradictions aussi fortes, aussi violentes, peuvent se produire dans le même être dans un temps donné, c’est plus extraordinaire que de dire que c’est intenable… car cela nous fait passer dans un autre monde. »

Barnabé Perrotey
rôle du « médecin » coryphée


Bruno Boussagol a choisi de faire entendre sur la scène théâtrale, l’écriture de Sarah Kane dans 4.48 psychose, selon la ligne directrice de sa compagnie de théâtre. Brut de béton production « travaille “la part maudite” que toute démocratie produit. À la fois obscure, angoissante, inconnue ».
La mise en scène, la scénographie et la création lumières qu’il signe tout en sobriété, sont au service du texte de la jeune dramaturge anglaise, suicidée en 1999 à 28 ans.
La performance d’actrice de Nouche Jouglet-Marcus a été saluée par la critique au cours des 50 premières représentations de cette création datant de 2005. Signalons aussi la prestation de Barnabé Perrotey dans le rôle du psychiatre. Dans ce huis clos entre une jeune psychotique au bord du suicide et son médecin, dans cet « examen d’une âme », le spectateur entre dans la salle revêtu d’une blouse blanche, pour constituer avec le psychiatre, un « chœur » autour de la comédienne, allongée nue sur une table au centre de l’espace scénique. Gisant, figure christique, immobile pendant 1h20, le corps ne prend vie que par la bouche et la poitrine qui se soulève au rythme des mots.
4.48 psychose est un cri d’amour et un désir de vie. Cette femme ne tient que par la voix, vecteur de la relation à l’autre. L’écho est permanent entre l’immobilité du corps et l’abondance des mots ou la profondeur des silences, à tel point que le corps devient parlant dans son immobilité. Paradoxalement rassurante, la vision du corps nu vient poser une limite là où il n’en existe plus dans le psychisme. Cette limite est le seul point d’appui pour le spectateur. Ce dernier effectue dans 4.48 psychose une traversée, avec l’impression de toucher à une dimension de la nature humaine invisible à l’œil nu. Là réside une qualité exceptionnelle de Sarah Kane, celle d’écrire l’angoisse et la psychose de manière très précise et rapprochée.


Nathalie Robin




l’équipe de création

Bruno Boussagol Bruno Boussagol

Bruno Boussagol est metteur en scène et scénographe. En 29 années, il a mis en scène plus d’une centaine de spectacles essentiellement inédits pour les compagnies Milieu du monde, Aujourd'hui ça s'appelle pas, Hôtel des voyageurs, ...Sinon son nectar..., théâtre de l'après histoire. Il dirige depuis 18 années Brut de béton production.
Depuis 29 années, il mène un atelier de création théâtrale au sein de l’hôpital psychiatrique du Puy-en-Velay. Avec la compagnie Aujourd’hui ça s’appelle pas, il a mis en scène une dizaine de spectacles créés par de jeunes autistes et psychotiques. Ce parcours singulier en fait un des spécialistes des relations entre l’art et la folie.
Les textes de la littérature contemporaine qu’il adapte révèlent un trajet individuel souvent initiatique dans lequel la question de la mort est posée.


Nouche Jouglet-Marcus Nouche Jouglet-Marcus

Née en 1972 à Clermont-Ferrand, Nouche Jouglet-Marcus débute en 1989 dans Sombre Printemps d'Unica Zürn mis en scène par Bruno Boussagol.

Puis de 1991 à 2008 elle travaille successivement comme comédienne sous la direction de Pascale Spengler, Pierre-Olivier Scotto, Jean-Vincent Lombard, Ismaïl Safwan, Dominique Dolmieu, Mihai Sufu, Patrick Haggiag… Sur des textes essentiellement contemporains tels que : Unica Zürn, Samuel Beckett, Heiner Müller, Bertold Brecht, Aziz Chouaki, Jon Fosse, Evgueni Grichkovets, Hristo Boytchev, Velibor Colic, Mihai Fusu, Moussa Akhdamov, Fabienne Mounier… Mais aussi sur Marivaux, Sénèque, Carlo Goldoni…

De 1990 à 1997 elle joue dans les créations « tout public» de l'auteur-metteur en scène Bruno Castan.
Dans les mises en scène de Bruno Boussagol, elle joue dans Sombre printemps (monologue, Unica Zürn), En attendant Godot (Estragon, Samuel Beckett), Cabaret voyage (création collective), Le voyage incertain (monologue Médée de Sénèque/Euripide). Suivront Le nom des Pères (Thierry Marc), Phèdre (noire) (d'après Jean Racine), 4.48 Psychose (Sarah Kane). Pour France culture, elle enregistre Sombre Printemps d'Unica Zürn, Orgie Nuptiale de Marion Aubert, Les lettres de Pelafina de Mark Z. Danielewski. Elle suit de nombreux stages auprès de Patrick Haggiag, Anatoli Vassiliev, Joël Pommerat, Phillipe Goyard, Alain Ginsburger, Jean-Paul Wenzel, et tout récemment Nicolas Klotz.
Par ailleurs, en 2007, elle est assistante à la mise en scène sur la Trilogie de la villégiature mis en scène par Patrick Haggiag.
Elle crée en 1996 La boîte à chuchotements, tête à tête pour un spectateur qu'elle tourne régulièrement.




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Conception Claire Durlin